Dans le cadre des auditions publiques sur l’immigration à l’Assemblée nationale, les quatre centrales syndicales du Québec unissent leur voix pour réclamer une immigration inclusive et digne d’une société démocratique. La Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) dénoncent le système d’immigration actuel à deux vitesses et exigent notamment l’abolition des permis de travail fermés.
« Ces permis privent les travailleurs et les travailleuses du droit de changer d’emploi. Le fait d’être lié à un seul employeur au risque de devoir repartir dans leur pays d’origine mène à des situations d’abus et d’exploitation qui s’apparente à de l’esclavagisme moderne », dénonce le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc.
Le recours à l’immigration temporaire ne peut être une solution à elle seule. Il faut prioriser une immigration permanente pour le bien de l’ensemble de la société, et non seulement pour les besoins immédiats des entreprises et des impératifs économiques.
« Au-delà de ceux et celles que l’on recrute à l’étranger, il y a des milliers de personnes immigrantes qui vivent et qui travaillent déjà au Québec et qui cherchent à obtenir une résidence permanente. L’échéance de leur permis les place dans une situation de grande précarité et elles sont susceptibles de devenir, encore une fois, la proie d’exploiteurs sans scrupules, comme les nombreuses personnes sans statut qui doivent être régularisées », défend la vice-présidente de la CSN, Katia Lelièvre.
Au moins 202 000 personnes avaient un statut temporaire à la fin de l’année dernière, alors que des estimations vont jusqu’à 300 000.
Plus de francisation
L’immigration humanitaire et le regroupement familial sont tout aussi importants que l’immigration économique, et le processus de francisation est essentiel pour accueillir et intégrer toutes ces personnes. C’est pourquoi le gouvernement doit clarifier le rôle et les moyens de Francisation Québec, de même que les obligations des employeurs.
« Nous sommes en faveur d’augmenter la part de l’immigration francophone, mais il faut permettre à ceux et celles qui ne parlent pas français d’apprendre la langue sur leurs heures de travail, sans perte de salaire. De plus, nous demandons au gouvernement d’abandonner les tests conçus et gérés en France et d’utiliser les tests reconnus par le ministère de l’Éducation du Québec », soutient le vice-président de la CSQ, Mario Beauchemin.
« Nous nous inquiétons de la très grande importance accordée à l’immigration proprement économique, au détriment de l’immigration humanitaire et du regroupement familial. Les positions du gouvernement doivent être revues pour ne pas être discriminatoires et pour être plus inclusives quant à la diversité des profils des personnes migrantes », souligne le président de la CSD, Luc Vachon.
Un programme d’accueil et d’intégration visant spécifiquement les travailleuses et travailleurs étrangers temporaires est réclamé, accompagné d’un financement adéquat dans toutes les régions.