Salle pleine de personne et une casquette

Réunis en assemblée générale, le 4 septembre à Chicoutimi, quelque 350 membres présents du Syndicat démocratique des employés de garage du Saguenay – Lac-Saint-Jean (CSD) (SDEG) ont, six mois après son déclenchement, fait le point sur le conflit de travail.

Ce fut, pour moi, l’occasion d’assister à un bel exercice de démocratie. Chacune des personnes présentes a été invitée à apporter sa contribution au débat en s’exprimant ouvertement sur le conflit et ses enjeux. Les échanges se sont déroulés dans une ambiance de respect et de convivialité. Le fonctionnement de cette assemblée a été à l’image même de la cohésion du syndicat et n’a pu que renforcer les liens de solidarité qui unissent les membres depuis le déclenchement du lock-out.

La transparence affichée par le président Georges Bouchard ainsi que les membres de son équipe, le mécanisme qu’ils ont mis en place pour partager l’information avec les membres sont deux éléments qui font en sorte que l’ensemble des salariés sont au même diapason quant à la façon dont le syndicat gère le conflit.

Ce qui mérite d’autant plus d’être souligné que les concessionnaires d’automobiles recourent à toute une panoplie de manœuvres et de stratégies qui n’ont qu’un seul et unique but : saper le moral des salariés, briser leur solidarité en créant la discorde à l’intérieur du syndicat.

Les tactiques des concessionnaires : judiciarisation du conflit, congédiements et suspensions

Saguenay-20130-Web2
Georges Bouchard devant une salle bien remplie…

Les concessionnaires d’automobiles ont choisi d’attaquer sur deux fronts. D’une part, celui de la provocation et de la judiciarisation du conflit. À titre d’exemples, des salariés ont récemment reçu des avis de congédiement immédiat ou de suspension qui prendront effet après le retour au travail. D’autres se sont vus signifier des citations à comparaître pour outrage au tribunal, un peu plus de 80 citations ont ainsi été distribuées. Une première série d’auditions doit avoir lieu cet automne. En utilisant les recours juridiques contre des lock-outés, ils cherchent à affaiblir, voire détruire leur solidarité en dressant les syndiqués les uns contre les autres. De plus, en faisant monter d’un cran le ressentiment des lock-outés, les concessionnaires d’automobiles escomptent provoquer de leur part des gestes inappropriés.

Ce censé refus de négocier que dénoncent les concessionnaires

Les patrons ont également décidé de faire la bataille de l’opinion publique à force de manipulation. Ainsi, ils utilisent toutes les tribunes pour marteler haut et fort qu’ils souhaitent retourner le plus rapidement possible à la table des négociations, déplorant avec insistance que leur demande récente d’une rencontre a essuyé un refus catégorique du syndicat. Ils se servent de cet argument auprès des acheteurs potentiels d’un véhicule. Le prétendu refus de négocier du syndicat devrait, selon eux, légitimer les acheteurs à franchir les lignes de piquetage, ce que la plupart ne font pas actuellement.

Les concessionnaires d’automobiles cherchent donc par tous les moyens à faire porter aux seuls syndiqués le fardeau d’un conflit de travail qui s’enlise, s’envenime de plus en plus.

Les lock-outés cherchent une résolution démocratique du conflit

Mais le syndicat ainsi que les membres refusent de réagir aux provocations des concessionnaires d’automobiles et de plonger dans une escalade de moyens de pressions, ce qui ne servirait qu’à créer un conflit dans le conflit. Le niveau de maturité qu’ils ont collectivement atteint, leur permet de décrypter les véritables enjeux des stratagèmes patronaux, si bien que leurs manœuvres contribuent à les galvaniser dans l’atteinte de leur objectif : obtenir une seule convention collective de travail pour tous les membres du syndicat.

Cet objectif ne peut être atteint que par la voie de la négociation collective, or il n’y a eu aucune séance de négociation depuis le début du lock-out. Dans le contexte actuel, les lock-outés sont conscients que la proposition mise de l’avant par le syndicat de recourir à la conciliation est la voie à emprunter pour sortir de l’impasse, aussi collectivement soutiennent-ils cette proposition.

La corporation des concessionnaires d’automobiles a rejeté cette proposition d’entreprendre une négociation en présence d’un conciliateur du ministère du travail. Elle dévoile ainsi que sa véritable intention n’a jamais été la négociation, mais bien la confrontation avec le syndicat.

À force de détermination et de courage, les membres du SDEG, forts de l’appui indéfectible de la CSD ainsi que d’un grand nombre d’autres syndicats et de personnes, finiront par obtenir gain de cause. Mais il y a un point sur lequel ils seront inflexibles : ils veulent des emplois de qualité, ils veulent une qualité de vie au travail. Pour eux, c’est, avant tout une question de respect et de dignité.

François Vaudreuil

Président de la CSD