Lettre ouverte

Luc Vachon
Président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Plus tôt cette semaine, le ministre du Travail, Jean Boulet, a annoncé un renforcement des actions de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), notamment par une augmentation des inspections, pour mieux protéger les travailleurs et les travailleuses étrangers temporaires (TET). Nous ne pouvons qu’être en faveur de cette décision. Toutefois, cette annonce s’est faite après plusieurs scandales et situations troublantes qui ont mis au jour les faibles conditions de travail, parfois même misérables, dans lesquelles vivaient ces travailleurs et ces travailleuses.

Bien que nous saluons l’intervention du ministre, nous croyons qu’un important coup de barre est nécessaire pour assurer à ces travailleuses et ces travailleurs des conditions de travail décentes qui sont à la hauteur et dignes de la société québécoise. Les récents scandales qui ont été médiatisés ne sont assurément que la pointe de l’iceberg, puisqu’il est certain que les conditions dans lesquelles sont tenus les TET accentuent indéniablement les risques que les personnes endurent les mauvais traitements et ne se risquent pas à déclarer une lésion professionnelle. Les dénonciations demeurent encore très faibles et sont loin de refléter la réalité.

Ces personnes arrivent au Québec alors qu’il y a des besoins criants de main-d’œuvre, que les délais de production sont serrés et qu’il y a une pression importante dans les milieux de travail. Au surplus, nous devons garder à l’esprit que lorsqu’elles arrivent dans leur milieu de travail, ces personnes ne connaissent ni leurs droits, ni les recours, ni les normes d’exécution du travail, ni la façon dont ici les choses se passent puisqu’elles arrivent souvent avec une expérience totalement différente de leurs pays d’origine.

Tout cela constitue un écosystème idéal pour favoriser les mauvais traitements de ces travailleurs et travailleuses, sans omettre que malheureusement, trop souvent, ces personnes sont considérées comme une main-d’œuvre « jetable après utilisation », puisqu’elle est par nature temporaire. Cette réalité fait en sorte qu’un grand nombre d’entreprises négligent leur encadrement, leur intégration et leurs conditions de travail.

Même lorsque leurs droits sont connus, les faire respecter demeure extrêmement difficile puisque ces travailleurs et travailleuses ont souvent des permis de travail fermés, ce qui veut dire qu’à tout moment un employeur pourrait y mettre fin, les forçant ainsi à retourner dans leur pays d’origine. Cela les place dans une situation d’extrême vulnérabilité et il est urgent de mieux les protéger, de réduire leur vulnérabilité, de mettre en place les conditions qui mettent fin aux histoires d’horreur indigne de notre société.