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Dans le cadre des consultations pré-budgétaires 2019, le président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Luc Vachon, a rencontré le ministre des Finances, Éric Girard, pour réclamer, entre autres, des investissements importants entourant les différents besoins de main-d’œuvre. La CSD considère en effet qu’il importe de combler non seulement les besoins actuels grandissants qui s’avèrent de plus en plus inquiétants de main-d’œuvre, mais aussi de prévoir l’adaptation des travailleurs à long terme.

La rareté de main-d’œuvre conjuguée aux nécessités actuelles et immédiates des entreprises font en sorte que les solutions visant à combler les besoins ont des retombées plus intéressantes à court terme qu’à long terme. « Il est prévu que des travailleurs intègrent le marché du travail le plus rapidement possible et qu’on leur offre des formations de courte durée. Ce n’est pourtant pas une solution gagnante à long terme », a précisé Luc Vachon.

En effet, les technologies de demain ainsi que les transformations majeures que connaîtra l’organisation du travail précipiteront de forts besoins de main-d’œuvre qualifiée au cours des prochaines années. Le principal défi sera donc de former la main-d’œuvre afin qu’elle demeure bien adaptée aux futurs besoins du marché du travail. Pour la CSD, la formation continue en cours d’emploi est l’une des clés permettant aux travailleurs de s’adapter et de combler ces besoins.

Aussi, l’absence de culture de formation au Québec inquiète la CSD. « Il est impératif de mettre en place d’importants incitatifs pour générer un intérêt réel vers la formation continue en cours d’emploi », précise monsieur Vachon. Il a d’ailleurs été suggéré que le gouvernement instaure des mesures concrètes pour rendre accessible la formation, et ce, tout au long des parcours professionnels des travailleurs pour qu’ils développent et acquièrent des compétences qualifiantes, reconnues et transférables. Pour que cela se matérialise, des incitatifs financiers devraient être prévus tant pour soutenir les travailleurs que les employeurs.

Des solutions ont été suggérées par la CSD, soit la mise en place de soutiens financiers et de crédits d’impôt plus importants pour les entreprises encourageant la formation continue de même qu’aux travailleurs souhaitant alterner le travail et les études ainsi que des incitatifs additionnels pour leur permettre de développer leur intérêt à la formation continue en conservant un niveau de vie décent durant leur parcours.

Mise en valeur des emplois à dimension humaine

Luc Vachon a souligné au ministre des Finances l’importance des emplois à dimension humaine, ne pouvant être remplacés par la technologie, et où la personne est au centre du travail accompli. Le contexte démographique de vieillissement de la population entraîne des besoins grandissants. « Il doit donc y avoir une valorisation des emplois entourant les soins aux aînés de même que des investissements plus grands aux lieux d’hébergement pour personnes démunies, tels que les familles d’accueil à l’enfance, les ressources résidentielles à l’adulte ainsi que les centres d’hébergement. Il est complètement anormal que les personnes qui exercent un emploi dans ces domaines soient maintenues dans des conditions de vie aussi basses et souvent précaires en raison du manque accru de financement gouvernemental », s’est indigné le président.

Baisses d’impôts : une solution discutable

Les impôts demeurent parmi les meilleurs moyens de redistribuer la richesse et de financer les services publics. La CSD a toutefois présenté ses réserves quant aux baisses d’impôts aux contribuables et aux entreprises prévues par le gouvernement Legault. Il serait très envisageable et sans conséquence de prévoir une augmentation du taux d’imposition pour les personnes ayant un revenu de 200 000 $ et plus. Il a aussi été demandé que des efforts plus grands soient déployés pour contrer les paradis fiscaux.

Reddition de compte pour les entreprises : faire plus et mieux

Enfin, le président de la CSD a suggéré d’intégrer une forme plus complète et engageante de reddition de compte pour les entreprises bénéficiaires de subventions, de soutiens financiers ou de crédits d’impôt accordés par le gouvernement. Cette mesure pourrait en effet permettre de monitorer le nombre d’emplois réellement créés, les retombées économiques récurrentes sur les investissements et le maintien ou le développement des opérations localement. « Une telle reddition permettrait d’une part de garantir le sérieux de la démarche des entreprises tout en les sensibilisant à leurs responsabilités en tant que citoyens corporatifs », a conclu Luc Vachon.