La Centrale des syndicats démocratiques (CSD) décèle un décalage entre les mesures du budget 2024-2025 présenté par le ministre des Finances du Québec, M. Éric Girard et la conjoncture économique, environnementale, démographique et fiscale à laquelle un budget devrait répondre. La CSD considère que ce sont des mesures qui risquent d’arriver trop peu trop tard ou d’être insuffisantes.

Des mesures intéressantes, mais en retard sur le dynamisme et la réalité économique

Nous sommes dans une période de ralentissement économique et le budget du ministre des Finances du Québec semble vouloir réparer les mesures ou l’absence de mesure des budgets précédents. Le manque à gagner de la baisse d’impôt du dernier budget se fait évidemment sentir dans les revenus du présent budget, alors que déjà, l’année dernière, la CSD soulignait l’impact négatif à venir de cette baisse.  

« Alors que dans les dernières années nous étions dans une dynamique de croissance économique et de plein emploi, le gouvernement a fait des choix politiques, comme la baisse d’impôt. Et ce n’est que cette année qu’il met véritablement en place des mesures qui auraient été plus efficaces l’année passée alors que cette année, nous voyons un ralentissement économique », explique Luc Vachon, président de la CSD.

Apprendre des feux de forêt de l’été 2024

Les feux de forêt ont grandement fragilisé l’industrie sylvicole et de la foresterie au Québec, mais également la forêt elle-même en créant des zones de déforestation importante. Le budget offre du financement pour l’industrie et le reboisement d’environ 90 $ M par année, ce qui sera insuffisant compte tenu des expériences des feux de l’été 2023. 

« À la suite des feux de forêt d’une ampleur historique, le gouvernement annonçait des mesures d’environ 200 $ millions pour le reboisement. Nous savions que c’était totalement insuffisant, mais nous avions la défaite de n’avoir jamais connu des feux aussi importants. Lors de la rédaction du budget, tout le monde sait que nous allons fort probablement et malheureusement revivre des feux importants. Cette fois le gouvernement sait que ce sera insuffisant et nous fragiliserons encore plus les économies régionales qui reposent sur la forêt », critique le président de la CSD.

Répondre aux aspirations de vieillir à domicile 

Avec le budget, le gouvernement poursuit dans la construction des maisons des ainées. Malgré un investissement de 580 $ millions pour bonifier les services de soutien à domicile, ces investissements ne permettront pas de répondre aux besoins démographiques et au vieillissement de la population et la tendance forte vers le choix de vieillir à domicile. 

« Nous le savons, pour les prochaines années, le virage vers le soutien à domicile est la voie à suivre. Encore avec ce budget, nous attendons ce véritable virage », renchérit Luc Vachon.

Planification des chantiers de construction.

Le budget ouvre la voie à une meilleure adéquation entre la disponibilité des ressources régionales et les grands projets de construction. L’implantation d’une recherche de prévisibilité entre l’octroi des contrats publics et la capacité du secteur de la construction est une avenue intéressante pour l’industrie. De plus, la dépense de 15,0 millions de dollars sur trois ans, afin notamment d’accompagner les entreprises de ce secteur dans la transformation numérique, est un premier pas dans la bonne direction pour moderniser les pratiques des entreprises en construction. 

« Alors que l’on parle d’augmenter l’efficacité du secteur de la construction, nous voyons d’un bon œil que le gouvernement regarde du côté de la planification des chantiers. Cela fait plusieurs années que nous exposons ce manque de planification » souligne Luc Vachon.

Revoir la fiscalité des entreprises et des particuliers

Au niveau des dépenses, le gouvernement ajuste des crédits d’impôt, principalement pour les entreprises du domaine des technologies de l’information. Permettant une économie prévue de 1 milliard. Bien que très ciblé, l’ajustement des crédits et plus largement de l’impôt des entreprises aurait dû être revu depuis quelques années.

« La mise en place d’un examen couvrira les dépenses fiscales liées aux régimes d’imposition des particuliers et des sociétés ainsi qu’au régime des taxes à la consommation sont importantes pour s’assurer que tout le monde paie sa juste part et que la fiscalité puisse réduire les inégalités. Nous avons hâte de voir ce qui sera mis au jeu au printemps 2024 », conclut Luc Vachon.