Les chiffres de 2024 confirment l’urgence d’agir plus en prévention

À l’occasion du Jour commémoratif des personnes décédées ou blessées au travail, pour la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), le constat est sans appel : la situation s’aggrave.

En 2024, 246 personnes ont perdu la vie en lien avec leur travail. Il s’agit de la pire année depuis au moins 2002. Parmi ces décès, 74 sont dus à des accidents de travail — la 2ᵉ pire année de la dernière décennie.

Une hausse des accidents

En 2015, on comptait en moyenne 224 accidents de travail par jour. En 2024, on en compte 265. C’est 40 victimes de plus chaque jour au travail, en moyenne.

Plus de 96 000 personnes ont été blessées au travail en 2024. C’est l’équivalent de remplir le Centre Bell cinq fois. Imaginez un événement de cinq soirs où chaque siège est occupé… par une personne blessée dans l’exercice de son travail.

Les maladies professionnelles explosent

Comparativement à 2015, le nombre de maladies professionnelles a bondi de 77 %.
Ce chiffre démontre un enjeu grandissant : les lésions invisibles ou différées sont en hausse.

En 10 ans, 1 238 personnes sont décédées d’une maladie liée à l’amiante. Malgré les connaissances scientifiques qui s’améliorent, l’évolution des pratiques et les normes en vigueur, les conséquences du passé continuent de hanter le présent.

Un système axé sur la réparation et l’indemnisation, pas sur la prévention

Les chiffres de 2024 ne sont pas une fatalité. Ils sont le résultat d’un système qui indemnise plus qu’il ne prévient. Année après année, la prévention ne représente qu’une faible proportion des budgets de la CNESST, comparativement à la réparation et l’indemnisation. Ce déséquilibre doit être corrigé de toute urgence, et on doit cesser de voir notre régime comme un simple régime d’assurance. C’est ce que la CSD continue de marteler année après année.

La CSD réclame :

  • Que la prévention soit encore plus prise en charge par les travailleuses et travailleurs et qu’ils aient plus de moyens et d’outils pour le faire.
  • Plus de formations en santé et sécurité du travail.
  • Une meilleure mise en œuvre des mécanismes de prévention.
  • Une hausse majeure du financement de la prévention par la CNESST.
  • Plus d’inspections et de mesures de correction dans les milieux de travail : selon des chiffres de la CNESST, il y a eu 3 000 visites d’inspecteurs en 2024, et seulement 37 constats.
  • Réduire la judiciarisation de l’indemnisation et de la réparation des lésions professionnelles.

« Faire mieux en prévention, ce n’est pas un luxe, mais une obligation. Tant que des personnes perdront leur santé ou leur vie au travail, nous continuerons de nous battre pour plus de prévention. Le 28 avril est une journée de commémoration, mais aussi un appel à l’action. Changeons les choses, pour que cette date ne soit plus synonyme de tragédie. »
– Luc Vachon