femme travaillant dans une épicerie avec un masque

Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Alors que l’attention des Québécois est tournée vers la reprise économique, on constate que de nombreux employeurs, malgré une visibilité positive et souvent des profits alléchants enregistrés au cours de la crise, retirent (ou ont déjà retiré) la prime qu’ils versaient à leurs travailleurs essentiels depuis le début de la crise de la COVID-19. La Centrale des syndicats démocratiques (CSD) dénonce le retrait de ces primes.

Ces primes ont été instaurées principalement pour compenser deux éléments. D’abord, le fait que certains secteurs d’activité, et par le fait même les travailleurs et travailleuses de ces secteurs, se sont révélés comme essentiels dès le début de la pandémie. Ensuite, pour compenser les travailleurs et travailleuses du fait qu’ils doivent continuer à travailler malgré le contexte et pour les difficultés et les risques accrus engendrés par la COVID dans le cadre de leur emploi.

Il est vrai que nous sommes maintenant en phase de déconfinement. Or, le déconfinement ne signifie pas que tout est « de retour à la normale » pour ces travailleurs et travailleuses, loin de là. Pas plus que le caractère essentiel d’un emploi ne disparaît pas une fois la crise passée. Nous avons simplement pris conscience que certains secteurs sont indispensables à notre mode de vie et de notre qualité de vie.

Quant aux effets de la COVID sur l’organisation du travail, la charge de travail additionnelle, associée aux mesures de protection requises dans les milieux de travail, n’a pas disparu malgré la reprise progressive de l’économie. Elle est encore bien présente dans les milieux de travail. Il faut souligner que les mesures sanitaires ne sont pas allégées avec la reprise, bien au contraire. Port des masques, visières, obligation de désinfections constantes, etc. Ces tâches sont d’autant plus lourdes à mesure que le volume de travail augmente et au fur et à mesure que la clientèle reprend ses habitudes de consommation.

Une autre raison pour laquelle les primes instaurées durant la COVID doivent continuer d’être versées aux travailleurs est la question du recrutement et de la rétention des emplois dans plusieurs secteurs essentiels. Rappelons-nous qu’il existait déjà de grandes difficultés à ce niveau dans plusieurs secteurs d’activités avant la COVID et qu’un grand nombre de ces emplois comporte des conditions de travail difficiles.

 Sachant cela, on ne devrait pas accepter de retour en arrière sur les conditions de travail. Il est important d’offrir des conditions de travail respectables aux travailleurs des activités essentielles. La prime COVID est une piste qui contribue à reconnaitre les efforts faits et à diminuer les problèmes d’embauche et de rétention de la main d’œuvre. Un moyen qui nous semble un incontournable pour rendre pérenne la reconnaissance de ces travailleurs et travailleuses qui ont risqué leur santé pour servir la population en situation de pandémie.

En conclusion, les entreprises qui embauchent des travailleurs essentiels devraient permettre à leurs employés de conserver leur prime COVID. On ne cesse de dire que cela ne sera plus jamais comme avant. Que le normal que nous connaissions n’est plus et qu’une nouvelle normalité se forme. Après des mois de campagnes médiatiques et de remerciements des travailleurs essentiels, il est temps de poser un geste concret pour leur qualité de vie et permettons-leur de conserver leur prime de manière permanente.