Une femme se tient aux côté du logo de la CSD

Égalité, équité : des mots clefs pour Isabelle Daigle

Par JACQUELINE DE BRUYCKER

Élue depuis quelques mois responsable provinciale de la condition féminine à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Isabelle Daigle est pleinement consciente du bon bout de chemin qu’il reste aux femmes à parcourir pour obtenir ce qui leur revient de droit en termes d’égalité, d’équité, d’amélioration des conditions de travail et de vie.

« Ma principale préoccupation est de faire valoir les droits des femmes et de les défendre. Il faut que nous nous tenions debout, que sans cesse nous dénoncions les inégalités et les injustices dont nous sommes l’objet, que nous prenions position dans notre milieu de travail, dans la société pour la justice et l’égalité. Les gains que nous avons obtenus sont fragiles, aujourd’hui plusieurs sont remis en question par les politiques gouvernementales d’austérité ou encore sous l’influence de la droite », explique-t-elle.

Isabelle Daigle se présente comme la dépositaire d’une tradition vieille d’une vingtaine d’années, qui a pris son envol en 1995 avec la marche Du pain et des roses, réunissant quelque 850 femmes dont plusieurs de la CSD et qui les a conduites devant l’Assemblée nationale à Québec. Ce sera le coup d’envoi d’une mobilisation internationale qui, par la suite, se tiendra tous les cinq ans.

« Ces femmes étaient porteuses d’une série de revendications, certaines ont été entendues, d’autres sont restées sans réponse, il faut pour-suivre ce mouvement. Il faut que l’on dise et redise combien nous voulons que les choses changent. »

Isabelle Daigle souligne que les femmes forment quelque 50 % de la population du Québec et qu’elles constituent la majorité de la main d’œuvre, entre autres, en santé, dans les services sociaux, en éducation, dans les services de garde, dans les commerces et services, le communau-taire et le travail non traditionnel. « C’est une réalité qui doit être prise au sérieux. Mais surtout, nous, les femmes, nous représentons une extra-ordinaire force, née de notre solidarité, en lutte contre les injustices, les inégalités, la pauvreté, le racisme, la violence », insiste-t-elle.

Elle invite les femmes à dénoncer sur toutes les tribunes, que ce soit la politique d’austérité du gouvernement Couillard, surtout ses coupes drastiques dans l’éducation, la santé qui, pour la population sonnent le glas de services pourtant jugés essentiels ou les attaques sans cesse répétées contre des acquis chèrement obtenus comme le droit des femmes à l’avortement.

« Du côté de l’équité salariale, ce n’est guère mieux avec la mise en place d’un mégastructure dans laquelle la Commission de l’équité salariale va être littéralement avalée, alors que son travail est loin d’être terminé, c’est une décision vraiment dramatique pour les femmes », explique Isabelle Daigle qui a assisté, le 12 mai dernier, à la présentation du mémoire de la CSD sur le projet de loi no 42 devant la Commission de l’économie et du travail.

Elle souhaite aussi que davantage de femmes soient plus visibles en s’impliquant, en occupant des postes de direction. « Il faut aller en chercher, trouver les mots pour les persuader de prendre leur place. À certains moments, on a l’impression que les femmes sont invisibles sur le marché du travail, il faut que nous nous fassions entendre haut et fort. »

Loin des stéréotypes

Isabelle Daigle rejette les stéréotypes, pas étonnant qu’elle ait choisi d’œuvrer dans l’industrie des services automobiles. Elle a d’abord suivi un cours de conseiller technique à Montréal, mais comme cela ne répondait pas à ses attentes, elle s’est dirigée vers une autre formation, celle de préposée aux ventes de pièces automobiles.

Après un épisode d’une année comme magasinière dans une entreprise de soudure, elle est em-bauchée par le concessionnaire d’automobiles Trois-Rivières Chevrolet au département des pièces. « Ça n’a pas toujours été facile au début, mais j’ai réussi à faire ma place au sein de l’établissement. Les plus grandes réticences ne venaient pas de mes collègues, mais des clients, ils n’étaient pas habitués de voir une femme s’occuper de pièces automobiles, ça les déroutait », souligne-t-elle.

Si son parcours professionnel hors des sentiers battus l’amène à s’intéresser aux problématiques auxquelles sont confrontées les femmes sur le marché du travail, d’autres événements viendront, par la suite, concrétiser son implication, dont le conflit de travail qui, en 2010, frappe durant plusieurs mois le concessionnaire d’automobiles Trois-Rivières Chevrolet, dont les salariés sont membres du Syndicat national des employés de garage du Québec Inc. (SNEGQ), affilié à la CSD. « Cette grève a été une expérience des plus stimulantes, ça m’a ouvert les yeux et appris beaucoup de choses sur moi-même ainsi que sur la dynamique des milieux de travail. Surtout ce que j’ai vécu m’a donné le goût de m’investir davantage. »

Elle choisit la condition féminine comme champ principal de son implication. « J’ai d’abord agi comme militante régionale à la condition féminine en Mauricie, avant d’en devenir la responsable et, en février 2015, j’ai été élue responsable provinciale de la condition féminine CSD lors de la réunion annuelle des membres des comités régionaux de condition féminine. »

Lors de sa première intervention publique à une instance de la centrale, en juin dernier, Isabelle Daigle a exhorté les femmes et les hommes de la CSD à se mobiliser et à participer au rassemblement national de la Marche mondiale à Trois-Rivières, le 17 octobre 2015. Elle leur en a rappelé les enjeux que sous-tend le thème « Libérons nos corps, notre terre et nos territoires », des enjeux préoccupants non seulement pour les femmes, mais pour tous ceux qui sont habités par le désir d’égalité.


Cet article fut publié dans Le Fureteur CSD • Volume 15, no 1 • Décembre 2015.