La situation démographique du Québec et une de ses conséquences directes, la pénurie de main-d’œuvre, constituent une véritable opportunité pour les personnes handicapées en quête d’un emploi.

« Il faut parfois une contrainte extérieure pour faire bouger les choses », reconnaît Claude Séguin, directeur général du CAMO personnes handicapées. Il cite l’exemple du port de la ceinture de sécurité, « les campagnes publicitaires qui nous montraient de façon très directe, parfois très brutale, les dangers de ne pas s’attacher n’ont pas eu l’effet escompté, mais les contraventions auxquelles les automobilistes s’exposaient ont réussi à convaincre même les plus récalcitrants ».

Les personnes handicapées représentent aujourd’hui plus que jamais une avenue des plus intéressantes pour combler les besoins de plus en plus évidents des entreprises en main-d’œuvre. « Les employeurs n’ont plus le choix, ils doivent diversifier leurs pratiques de recrutement pour rejoindre des bassins de main-d’œuvre jusque-là ignorés s’ils veulent continuer à faire des affaires et à prospérer », estime Claude Séguin.

Les personnes handicapées : formées mais sous-représentées en milieu de travail

Les trois quarts des personnes handicapées ont une formation postsecondaire et 45 % une formation universitaire. Les compétences sont donc au rendez-vous, pourtant elles sont toujours sous-représentées dans les milieux de travail. « Des progrès ont cependant été réalisés au cours des dernières années, il y a de plus en plus d’histoires de réussite comme l’embauche par une chaîne de restaurants d’une personne en fauteuil roulant à l’accueil ou de déficients intellectuels affectés à des tâches en cuisine ou celle d’une personne aveugle qui a dépassé la barrière de son handicap au travail grâce à la technologie », a-t-il poursuivi. Il souligne que le dernier salon pour l’emploi des personnes handicapées a attiré une quarantaine d’entreprises, auxquelles 900 personnes handicapées ont pu soumettre leurs compétences.

Claude Séguin insiste, il n’y a pas que les compétences académiques qui devraient intéresser les employeurs, les personnes handicapées ont, au fil de leur parcours de vie, développé des qualités comme la détermination, la persévérance ainsi qu’une grande capacité d’adaptation, ce qui est de plus en plus recherché sur le marché du travail.

« Il s’agit de faire les choses autrement, d’organiser le travail autrement, de rendre l’environnement de travail plus flexible, ce dont toutes les catégories de personnel peuvent tirer profit. C’est une responsabilité qu’employeur et syndicat se partagent, c’est à eux de créer, par le dialogue social, un milieu de travail inclusif, de gérer la diversité et d’y associer l’équité, les deux notions sont inséparables, car ce n’est pas la charité, ni des privilèges que réclament les personnes handicapées », conclu-t-il.